Avocate au barreau de Saint Denis, Aliénor fait aussi partie du Conseil d’Administration de l’association. Partie pour ses études, elle a vu le retour comme une évidence..
Dans quel contexte as-tu quitté la Réunion ?
J’ai quitté la Réunion à 18 ans suite à l’obtention de mon baccalauréat. J’ai toujours su que je partirais pour mes études comme mes parents et ma sœur aînée.
Je ne me suis pas interrogée sur la possibilité d’aller à l’université de la Réunion où mon parcours existait pourtant.
Quel a été ton parcours de mobilité ?
Je suis restée 9 ans en France hexagonale. J’ai toujours travaillé lorsque j’étais étudiante (caissière, animatrice scolaire, enquêtrice téléphonique, gestionnaire en assurances).
J’ai un master 2 de droit des affaires et droit social que j’ai effectué en alternance dans une entreprise d’e-commerce.
J’ai ensuite travaillé en qualité de juriste droit social chez un syndicat employeur avant de partir 2 mois en Tanzanie pour mon premier voyage seule durant lequel j’ai allié tourisme et volontariat dans une école primaire.
A mon retour en Île de France, j’ai intégré l’école des avocats à Versailles (HEDAC).
Quel a été ton déclic pour rentrer ?
Je suis rentrée il y a un deux ans en septembre 2019.
Le retour a toujours été une évidence. L’envie de participer au développement économique de mon territoire était présente dès le début.
Je savais déjà en partant à 18 ans qu’une fois mon expérience étudiante vécue, j’investirai mes compétences et mon énergie chez moi à la Réunion.
Comment s’est passé ton retour ?
Mon parcours de retour est plutôt idéal puisque je n’ai pas eu de galères dans la recherche d’emploi.
Le cabinet où j’effectuais mon stage a recommandé mon profil à un cabinet réunionnais que j’ai rencontré pendant mes vacances de décembre 2018. En mars 2019, je recevais une proposition de collaboration.
J’ai donc commencé à préparer les détails techniques du retour à partir de ce moment en étant sereine (billet d’avion, acheminement des affaires personnelles, achat d’une voiture).
J’ai conscience que ce type de retour est malheureusement minoritaire, surtout lorsque comme moi le réseau professionnel personnel est inexistant.
Quelles ont été tes difficultés liées au retour ?
Mes difficultés se situent sur le plan personnel. Ma vie sociale me manque parfois mais elle est en reconstruction.
Les sorties se font davantage en famille, ce qui est une des raisons du retour, ce sont des moments que je chéris.
Il faut du temps pour retrouver un cercle amical, des activités culturelles, sportives et arriver à un équilibre heureux.
Qu’est ce que tu fais à la Réunion à présent ?
Je suis avocate au barreau de Saint Denis. J’interviens principalement en droit du travail.
En parallèle, je suis membre du Conseil d’Administration de l’association « Réunionnais de retour au péi », j’ai d’abord été séduite par l’initiative et ensuite par l’ambiance avec les autres membres que je fréquente régulièrement hors cadre associatif.
Sur mon temps libre, je profite des miens et des richesses de la Réunion.
Dirais-tu que tu te sens étrangère à ton île après tant d’année, ou au contraire te sens-tu encore plus ancrée ?
Je me sens à ma juste place.
Quels seraient tes conseils à un réunionnais qui souhaite revenir ?
Ne pas idéaliser le retour, il y aura des difficultés tant professionnelles que personnelles.
La plus difficile selon moi est de devoir prendre sa place parce qu’il n’est pas encore évident malheureusement qu’un réunionnais de retour la trouve naturellement.
Ne pas avoir peur d’oser. Le tissu économique est différent, il faut être flexible et ne pas hésiter à prendre des directions différentes comme l’entreprenariat par exemple.
Selon toi, y a t-il des opportunités à la Réunion ?
Je crois qu’il faut sortir du discours pessimiste du marché de l’emploi à la Réunion que l’on entend de nos parents ou grands parents. Le chômage des jeunes qualifiés est moindre.
Il existe des opportunités c’est certain et parfois insoupçonnées, il faut être sur place pour avoir une meilleure vision du marché local et activer son réseau.
Je crois aussi que les opportunités il faut savoir les créer, nous sommes le moteur principal de notre réussite.
Alors, au final : le retour gayar pas gayar ?
Gayar même ! Si ou veu rentré, vien a ou ! Prend out place